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“Résister aux tempêtes”
Hervé, le Syndicat National de la Librairie
Ancienne a organisé le tout premier événement
virtuel du monde du livre rare en avril dernier, le
«Grand Palais Virtuel». En septembre, le SLAM a organisé le Salon du Livre Rare au Grand
Palais, qui avait été reporté, et vous proposez
maintenant une Foire virtuelle d’hiver du SLAM.
Qu’est-ce qui vous a amené à prendre cette
décision ?
Plusieurs raisons, mais qui suivent toute la même
logique : le besoin de s’adapter à la situation et la
volonté de marquer la continuité de notre présence - je
veux dire par là celle de l’activité des libraires d’anciens.
Le commerce du livre rare, malgré les confinements, les couvre-feux et les difficultés pour se déplacer, a su je crois résister aux tempêtes de ces derniers mois.
Les situations sont difficiles, c’est indéniable. Pour
autant, les collectionneurs n’ont jamais cessé d’être
présents. Passé la panique des mois d’avril et mai, les
maisons de vente aux enchères ont su réagir et force
est de constater que les ventes online, en juin et juillet,
et encore davantage depuis la rentrée, fonctionnent
bien. Rester invisible sur le digital serait une erreur
stratégique majeure pour nos membres. Le rôle de
notre association est de rassembler les énergies et
montrer notre savoir-faire, nos compétences, et
l’excellence de notre label : c’est ici, et nulle part
ailleurs, qu’est notre plus-value par rapport aux
auctionners, et par rapport à la jungle des sites de ventes
en ligne.
L’organisation d’une foire virtuelle en décembre, est
pour nous une transition nécessaire, à la suite du Salon
au Grand Palais en septembre dernier. L’idée n’est
pas de remplacer les foires réelles, bien au contraire
: elles sont toujours autant attendues et nécessaires.
Nous travaillons d’ailleurs déjà d’arrache-pied sur la
prochaine édition, dont nous pouvons déjà annoncer
qu’elle se tiendra au deuxième semestre de l’année
2021, été pas au mois d’avril. Au vu de l’importance de nos foires, et particulièrement de celle du Grand Palais,
nous devons donc trouver des solutions pour rester
visibles et permettre à nos membres de poursuivre
leurs activités dans les meilleures conditions. C’est
notre rôle. Et les foires virtuelles, qui peuvent prendre
beaucoup de formes possibles, sont devenues des
compléments intéressants, si ce n’est indispensables
: le succès de notre événement numérique en avril
dernier, qui était le premier du genre, l’a bien montré
: près de 20 000 visiteurs et une couverture médiatique
impressionnante. Pendant le confinement, les clients étaient chez eux, disponibles, et ont répondu
présents. Je crois que, si les outils technologiques sont esthétiques et simples d’emplois, ces mêmes
clients continueront de fréquenter nos événements
virtuels. Elles seront pertinentes si et seulement si elles présentent des choses intéressantes, attrayantes,
nouvelles, sur une interface qui ne soit ni rébarbative,
ni compliquée. Sur ces derniers points, les cartes sont
entre nos mains, et dans celles des libraires.
Comment décririez-vous la situation du
commerce français des livres rares depuis le
mois de mars de cette année ?
Elle est évidemment devenue plus difficile, c’est
indéniable. Surtout pour ceux qui avaient une
activité importante en librairie physique. Les loyers
sont chers, et le passage des clients étaient souvent,
à l’achat comme à la vente, une part importante
de l’activité. Chacun a su s’adapter, je crois. La
France, sur le plan économique, a mis en place une
politique d’accompagnement et d’aides tout à fait
importante, sans doute l’un des plus généreuses au
monde. Beaucoup de secteurs ont été aidés. Mais
je dois être transparent : aucun de nos membres ne
s’est manifesté pour actionner les dispositifs d’aides
de l’état pour les commerces qui avaient perdu un
chiffre d’affaires importants. Les aides concernant les employés (chômage partiel pris en charge et
aides aux indépendants) ont suffi pour traverser les
deux confinements. Ce qui ne veut pas dire que les
difficultés sont absentes : mais, le Grand Palais de
septembre d’une part, et le travail de chacun d’autre
part, ont fait leur effet. C’est plus compliqué pour
ceux qui travaillent beaucoup avec les institutions et
bibliothèques, car l’activité a été considérablement réduite de ce côté-là. Mais très franchement, et l’activité
chez les auctionners le montre bien : le marché français
est très actif. J’ai plusieurs membres qui, ni plus ni
moins, ont réalisé de manière assez incroyable une très bonne année 2020 ! et pour beaucoup, la perte de
chiffre d’affaires sera inférieure à 15%. Vu la situation,
c’est assez miraculeux, mais c’est la réalité.